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Le marché de la garde d'enfants

1 - État du marché
2 - Les différentes structures de garde d'enfants
3 - Les professionnels de la petite enfance

Le marché de la garde d'enfants est porteur, principalement pour deux raisons. D'une part, faire garder un enfant de moins de 3 ans, avant qu'il n’entre à l'école, est souvent un vrai problème. D'autre part, le décret du 1er août 2000, relatif aux établissements et services d'accueil des enfants de moins de 6 ans, permet la mise en place de structures innovantes dans un contexte plus souple et davantage adapté aux nouveaux besoins des familles. Nous traiterons en priorité les projets de création de modes de garde à l'extérieur du domicile des parents, et aborderons succinctement la garde des enfants au domicile dans le cadre des services à la personne.

1 - État du marché

1.1 - Considérations générales sur le choix du mode de garde des enfants

La dernière étude réalisée sur les souhaits des parents concernant les différents modes de garde de leurs enfants a été effectuée en 2003, au cours de différentes expertises menées dans la perspective de la mise en place d'une nouvelle prestation, la Paje (Prestation d'accueil du jeune enfant). Ces expertises ont permis de faire un certain nombre de constats.

Premier constat

Début 2003, près de 9 Français sur 10 (87 %) considèrent que, lorsque les deux parents de jeunes enfants travaillent, il est préférable qu'ils puissent aménager leur activité professionnelle (interruption temporaire d'activité ou réduction des horaires). Leur préférence va vers l'arrêt temporaire d'activité de l'un des deux parents (47 %), plutôt que vers les solutions d'horaires réduits (40 %). Pour 12 % des Français seulement, les parents doivent continuer d'exercer leur activité professionnelle, sans changement. Il est intéressant de souligner que depuis 1993, les réponses à ces questions restent dans l'ensemble inchangées.

Deuxième constat

À la question de savoir qui du père ou de la mère doit « de préférence » adapter son activité, 65 % désignent la mère. Sur dix ans, il n'apparaît pas d'évolutions majeures. En effet, depuis 1993, il est rarissime que le père soit cité explicitement (jamais plus de 1 % des réponses). Éventuellement, il est fait référence à celui des parents qui « a le salaire le plus bas » : mais s'il ne concernait que 24 % des réponses en 1993, ce choix stagne depuis 1994 à hauteur du tiers des personnes interrogées environ.

Troisième constat

La solution jugée « la plus satisfaisante » par l'ensemble des personnes interrogées pour faire garder le jeune enfant lorsque les deux parents travaillent est le recours à une assistante maternelle agréée (32 % des suffrages), suivie de la crèche collective (25 %) et de la garde par les grands-parents (24 %). C'est la première fois, depuis que la question est posée (en 1988), que la crèche supplante la garde par les grands-parents.
Les préférences des parents de jeunes enfants (moins de 6 ans) sont encore plus marquées. Pour eux, la solution la plus satisfaisante est, de loin, l'assistante maternelle agréée (43 %). Chez ces jeunes chargés de famille, la garde par les grands-parents apparaît comme plus satisfaisante que l'accueil en crèche collective (23 % contre 19 %).

Quatrième constat

Lorsqu'il s'agit de l'intérêt de l'enfant (c'est-à-dire de ce qui est le plus bénéfique pour l'enfant), l'assistante maternelle (27 % des suffrages) cède, aux yeux des Français, la place à la crèche collective (33 %). Ce mode de garde creuse d'ailleurs l'écart avec la garde par les grands-parents (27 %) en ayant gagné quatre points depuis 1997. Pour les personnes directement concernées, c'est-à-dire les parents d'un jeune enfant, crèche collective et assistante maternelle agréée se situent au même niveau (un tiers des suffrages), devant la garde par les grands-parents (24 %) ou l'intervention à domicile d'une personne rémunérée (8 %).

L'utilisation des différents modes de garde d'enfants

Les souhaits des parents sont à mettre en parallèle avec la réalité de l'utilisation des modes de garde. Les enfants de moins de 3 ans non scolarisés en maternelle accèdent : pour 26 % d'entre eux, uniquement à un mode d'accueil individuel payant : assistante maternelle agréée, garde à domicile déclarée, ou modes d'accueil plus informels (nourrices ou baby-sitters) ; pour 17 % d'entre eux, uniquement à un mode d'accueil collectif : crèche (collective, familiale ou parentale) dans une majorité de cas, mais aussi haltes-garderies ; pour 3 % d'entre eux, à la fois à un mode d'accueil individuel payant et à un mode d'accueil collectif ; pour 54 % d'entre eux, à aucun de ces modes d'accueil, les enfants étant la plupart du temps gardés par un parent ou un proche. Pour affiner ces données, une récente étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) nous livre un constat des différents modes de garde utilisés pour les enfants non scolarisés dont la mère travaille à temps complet. C'est surtout avant les trois ans de l'enfant que la question du choix du mode de garde se pose avec le plus d'acuité pour les parents qui travaillent. En effet avant qu'ils ne soient scolarisés, les enfants doivent être gardés toute la journée, alors que passé leur troisième anniversaire, la majorité d'entre eux vont à l'école maternelle. Pour autant, le recours à un mode de garde demeure généralement nécessaire pour ces derniers, du moins lorsque les parents occupent tous deux un emploi (les horaires de l'école coïncidant rarement avec les horaires de travail des parents), bien que pour des périodes de temps plus courtes.
Pour les enfants dont la maman travaille à temps complet, les modes de garde diffèrent fortement selon le niveau de vie des parents. Le recours à une garde à domicile, qui est le plus onéreux, concerne essentiellement les familles les plus aisées. Le taux de recours à une garde à domicile oscille ainsi entre 2 et 3 % pour les familles aux revenus les plus modestes, et atteint un peu plus de 13 % pour les enfants des familles aisées (et même 19 % pour les enfants des familles aux plus hauts revenus). Le recours à une assistante maternelle est aussi plus utilisé par les ménages aisés, mais de façon moins contrastée que dans le cas de la garde à domicile. On observe une progression allant de 16 % des enfants de milieu modeste, à 47 % des enfants dans les foyers les plus aisés. Passé un certain seuil de niveau de vie, près de la moitié des enfants sont donc gardés par une assistante maternelle. Le recours à la crèche semble en revanche moins en rapport avec le niveau de vie des familles. Globalement, un quart des enfants sont accueillis en crèche. Là encore, c'est parmi les milieux aisés que le recours à ce mode de garde est le plus fréquent (30 %), mais son taux est en revanche assez proche dans les autres niveaux de vie (24 % en moyenne).
En moyenne, près de 80 % des jeunes enfants non scolarisés sont pris en charge au moins une fois dans la semaine par un mode d'accueil formel rémunéré (assistante maternelle, nourrice à domicile, crèche, jardin d'enfants, halte-garderie...) et pour une durée moyenne de 36 heures par semaine, soit un peu plus de 7 heures par jour. La proportion d'enfants gardés par une personne rémunérée ou une structure d'accueil payante varie cependant très fortement selon le niveau de vie des ménages : 56% des enfants de famille modeste ont recours à un mode de garde rémunéré contre 91 % pour les familles les plus aisées.
Le problème de la garde des enfants scolarisés de moins de 7 ans se pose les jours de semaine entre le moment où l'école se termine (c'est-à-dire le plus souvent à 16 heures 30) et le retour du travail des parents, et le mercredi toute la journée (seuls 6 % des enfants ont classe le mercredi). Le temps moyen de garde payante apparaît très nettement lié au niveau de vie des familles. Il atteint à peine 6 % du temps considéré pour les enfants des milieux les plus modestes, contre 21 % pour les plus aisés. Le constat est le même pour le temps passé dans un centre d'activités culturelles et sportives, même s'il ne représente qu'une faible part du temps considéré : 1 à 4 % en moyenne. En revanche, le centre de loisirs (qui propose un service de garderie dont le prix, généralement modique, est déterminé en fonction des revenus des parents) assure la garde de l'enfant pendant 8 à 14 % du temps considéré selon les niveaux de vie, sans différence majeure en fonction du revenu des ménages. Enfin, le soir après l'école, on constate des gardes payantes plus fréquentes pour les enfants des milieux aisés avec un relais plus tardif par leurs parents. Ces chiffres sont toutefois à nuancer en fonction de la répartition géographique des modes de garde sur le territoire, identifiés sur les deux cartes ci-dessous.

Répartition géographique du nombre total de places tous modes d’accueil confondu, pour 100 enfants de moins de 3 ans en 2004
Source : enquête PMI 2004, Drees.


Répartition géographique du nombre total de places auprès des assistantes maternelles employées directement par les particuliers, pour 100 enfants de moins de 3 ans en 2004
Source : enquête PMI 2004, Drees.


Cette répartition souligne à quel point l'usage des différents modes de garde d'enfants n'est pas du tout homogène en France. Cela entraîne une diversification et une inégalité de l'offre avec, en trame, des problèmes d'inégalité territoriale dans l'accès aux équipements que vous ne devez pas perdre de vue si vous souhaitez créer une structure de garde d'enfants.

1.2 - Travail des femmes et natalité

L'évolution du nombre des structures de garde d'enfants est directement liée au travail des femmes...

La France est le deuxième pays le plus peuplé d'Europe, derrière l'Allemagne, avec une population estimée au 1er janvier 2006 à 62,9 millions d'habitants, dont 31,7 millions de femmes. La population active féminine a augmenté de 4,4 millions en trente ans, plaçant la France dans le peloton de tête des pays occidentaux à l'activité féminine particulièrement développée, avec une part de 58,8 % de la masse de la population active. Les comportements féminins et masculins se sont rapprochés. C'est aux âges où elles assument les charges familiales les plus lourdes que le taux d'activité des femmes a le plus augmenté. L'éducation d'un ou deux enfants ne fait pas aujourd'hui renoncer les femmes à leur carrière : 80% des femmes privilégient leur vie professionnelle, et la femme actuelle admet ne plus être viscéralement attachée à son devoir maternel.
L'activité des femmes de plus de 25 ans ne cesse d'ailleurs de progresser. Le taux d'activité des femmes de 25 à 49 ans s'élève aujourd'hui en moyenne à 81 %. Pour les femmes de cette tranche d'âge et sans enfant, il est proche de 90 %. Il est de 84 % pour les femmes ayant 1 enfant, de 80 % pour celles ayant 2 enfants et de moins de 60 % pour celles ayant 3 enfants ou plus. La hausse de l'activité féminine s'est également accompagnée de profondes mutations sur le marché du travail. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à occuper des emplois temporaires comme les contrats à durée déterminée, les stages et emplois aidés (11 % contre 6 % en 2003). De plus, les femmes travaillent à temps partiel cinq fois plus souvent que les hommes.

... et aux naissances !

En 2005, les naissances ont augmenté au même rythme qu'en 2004 (+ 0,9 %) : le nombre de naissances atteint ainsi 807 400 sur l'année, soit un niveau proche de celui de 2000 (808 200 naissances). La tendance à la hausse qui prévaut depuis 2003 se confirme donc. Pourtant, le nombre de femmes de 20 à 40 ans, qui mettent au monde 96 % des enfants, continue de baisser (- 0,4 % entre 2004 et 2005). Mais cette baisse est plus que compensée par le fait que les femmes ont en moyenne plus d'enfants qu'au cours des années précédentes : en 2005, l'indice conjoncturel de fécondité est de 194 enfants pour 100 femmes, contre 192 en 2004. En 2005, la fécondité n'augmente que pour les femmes de plus de 30 ans. En conséquence, l'âge moyen des mères continue sa progression : il est de 29,7 ans en 2005 contre 28,9 ans dix ans plus tôt. En 2005, une mère sur deux est âgée de 30 ans ou plus, contre 43 % en 1995. Les femmes qui ont achevé leur vie féconde ont eu en moyenne plus de deux enfants.
En Europe, la France reste, avec l'Irlande, largement en tête en terme de taux de natalité. Aujourd'hui, les femmes de 35 ans ont eu en moyenne 1,71 enfant : le retard s'est accentué mais laisse envisager une descendance finale au moins supérieure à 1,95 enfant par femme.
Ainsi cette tendance de fond se confirme : les maternités sont de plus en plus tardives du fait de la prolongation des études et de l'augmentation de l'activité professionnelle des femmes, d'où une constitution tardive des familles. Par ailleurs, avec la récession économique et l'accroissement du chômage, un nombre croissant de femmes retardent l'arrivée de leurs enfants.
En résumé, les naissances augmentent légèrement tandis que le travail des femmes progresse sensiblement. Il en résulte une demande croissante de placement des enfants en structures d'accueil. Ces considérations sont toutefois à prendre avec une grande prudence. Car comme nous l'avons vu précédemment, les demandes de placement en structures d'accueil, comme le taux d'équipement, varient d'une commune à une autre, d'une région à une autre, selon la démographie, la politique locale, le taux d'activité..., et évoluent également d'une année sur l'autre en fonction de la composition de la famille. En effet, le mode de garde choisi pour le premier enfant ne le sera pas forcément pour les suivants.

1.3 - Quelques données

Du lundi au vendredi, entre 8 heures et 19 heures, près des trois-quarts des enfants issus des ménages les plus modestes sont gardés exclusivement par leur mère ou leurs deux parents, alors que ce n'est le cas que de 36 % des enfants issus des ménages les plus favorisés. Cette différence est sans doute en partie liée au nombre d'enfants présents dans le foyer. En effet, parmi les foyers les plus modestes, comptant au moins un enfant non scolarisé et dont la mère n'a pas d'activité professionnelle, près de la moitié (45 %) comptent au moins trois enfants de moins de 18 ans, alors que ce n'est le cas que dans un quart des foyers aisés. Près du quart de ces enfants sont gardés au moins une fois dans la semaine (du lundi au vendredi entre 8 heures et 19 heures) par une personne rémunérée ou une structure d'accueil collectif payante (travailleuse familiale, assistante maternelle agréée, nourrice non agréée, garde à domicile, jeune fille au pair ou baby-sitter, crèche collective, crèche d'entreprise, crèche parentale, crèche familiale, halte-garderie, jardin d'enfants...).

1.4 - Quelques chiffres

Les chiffres suivants donnent un aperçu de la situation générale en France en terme de garde d'enfants, et peuvent vous conforter dans l'idée qu'il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine.
- 800 000 enfants voient le jour chaque année en France.
- Aujourd'hui, près de 80 % des mères de famille travaillent.
- En 2004 (dernier recensement connu), la capacité totale en accueil collectif et crèches familiales était de 307 600 places, soit une augmentation d'environ 100 000 places par rapport à 2002.
Cette progression, constatée après le tournant de l'an 2000, est la conséquence de la tenue de la Conférence de la famille du 11 juin 2000, à la suite de laquelle le gouvernement lança un plan d'investissement pour les crèches. Des investissements ont ainsi été réalisés dans le cadre du Fipe (Fonds d'investissement pour la petite enfance, mis en place en 2000) puis de l'aide exceptionnelle à l'investissement (AEI en 2001). Sur les 307 600 places recensées en 2004, 143 300 étaient en crèches collectives, 68 400 en haltes garderies, 9 100 en jardins d'enfants, 20 000 en accueil polyvalent et 66 700 en crèches familiales.
La répartition en pourcentage se fait comme suit :

- 45 % des enfants en crèches collectives traditionnelles
- 15 % en crèches collectives multi-accueil
- 8 % en accueil polyvalent
- 4 % en jardins d'enfants
- 7 % en haltes-garderies multi-accueil
- 21 % en haltes-garderies traditionnelles
Le type de structure multi-accueil est en constante augmentation (+ 55% depuis 2000), car il permet d'apporter des réponses plus adaptées aux contraintes des parents que les crèches ou haltes à fonctionnement dit « classique ». Rappelons que le multi-accueil associe différentes formules de garde au sein d'une même structure ; il peut, par exemple, proposer un accueil collectif régulier et occasionnel, ou consister en une crèche familiale associée à une halte-garderie ou à une mini-crèche. Notons enfin que, toujours en 2004, 743 000 enfants étaient gardés par des assistantes maternelles, tous statuts confondus. (Voir l'annexe n° 1 sur l'évolution du nombre d'établissements collectifs et de crèches familiales de 2000 à 2004.

1.5 - Trois créneaux pour entreprendre

Créer une structure de garde d'enfants

C'est le sujet du présent ouvrage, centré sur l'étude de la création d'un mode de garde collectif pour les enfants. Vous y trouverez tous les éléments pour vous aider à élaborer et préciser votre projet.

La garde à domicile dans le cadre des « services à la personne »

On ne saurait limiter la création d'une structure de garde d'enfants aux seuls modes de garde à l'extérieur du domicile des parents. Il convient en effet d'aborder les offres de garde au domicile des parents dans le cadre des services à la personne. Ces derniers sont soutenus par le Plan Borloo, qui a vu le jour en 2006, destiné à favoriser la création de diverses structures dans les services de proximité. Une étude de l'Ifop réalisée à la demande conjointe de l'APCE et de Réseau + (voir sur le site www.apce.com) en janvier 2005 livre une appréciation très encourageante pour les créateurs d'entreprise dans ce secteur. Les plus fortes progressions d'intention d'utilisation d'un service à domicile concernent les prestations qui vont accompagner les mutations de la famille. La garde d'enfants après l'école progresserait de 67 % et serait utilisée par 15 % des personnes interrogées. Sachez qu'un agrément qualité est obligatoire concernant les services d'accompagnement et d'assistance aux personnes vulnérables, dont font partie les enfants de moins de 3 ans (cf. Chapitre 2 - 4.2 « L'obtention de l'agrément »). Pour les enfants scolarisés et gardés en dehors de l'horaire scolaire, tout créateur peut compléter son offre par du soutien scolaire à domicile. (Voir le portrait de l'Île des Enfants et de La Compagnie des Familles, au chapitre 3.)

Créer une société de conseil en crèches d'entreprise

Les expériences de crèches en entreprise sont encore peu nombreuses en France. Néanmoins, de telles structures répondent à une demande forte de la part des salariés. Le principal frein à l'expansion de ce mode de garde résidait jusqu'à présent dans les coûts d'investissement et d'exploitation qui incombaient à l'entreprise. Seules de grosses entreprises, telles que Total ou Aéroports de Paris, pour ne citer qu'elles, peuvent se permettre d'investir plusieurs centaines de milliers d'euros, et de financer les dépenses de fonctionnement qui peuvent monter jusqu'à 10 000 euros par place créée, pour faciliter la vie de leurs employés tributaires des modes de garde pour leurs enfants. La solution pour les PME est de créer une crèche interentreprises. Or, depuis 2004, le plan Crèches de 200 millions d'euros mis en place par le gouvernement a contribué à modifier les perspectives de création de crèches d'entreprise. En effet, la CNAF (Caisse nationale d'allocations familiales), sous certaines conditions, participe à la fois au coût de financement et au coût de fonctionnement de ces structures, rendant ainsi la crèche d'entreprise désormais financièrement accessible (voir ci-dessous : la description des crèches d'entreprise). Dans la foulée, de nombreuses sociétés de conseil se sont montées et offrent des solutions « clés en mains » aux entreprises qu'elles démarchent. Leurs consultants viennent en support des entreprises souhaitant créer une crèche interentreprises. Outre l'étude de faisabilité et la prospection d'organismes ou d'entreprises partenaires, elles participent à la création de la crèche. Une nouvelle société voit le jour chaque mois, cherchant à investir un secteur encore peu exploré. Si cette nouvelle activité semble intéressante, il est encore trop tôt pour prévoir un boom sur ce genre de prestations. Les crèches d'entreprise sont encore en gestation. Si vous souhaitez créer une société de conseil, il vous faudra d'abord connaître parfaitement les règles inhérentes à la création d'une crèche. Vous les trouverez tout au long de ce livre. Une fois cette base acquise, il vous restera à créer votre activité de conseil, ce qui relève d'un autre secteur que celui abordé dans notre étude. Un autre type de prestataire est le réseau de crèches. Celui-ci étudie la possibilité de créer la crèche, prend en charge tous les investissements initiaux et gère ensuite la crèche. C'est le prestataire que les salariés et l'entreprise rémunèrent pour sa prestation. On parle alors d'entreprises de crèches. D'autres évolutions devraient apparaître dans la foulée du plan Borloo des services à la personne, initié début 2006. Sachez aussi que les créateurs dans ce domaine sont souvent aujourd’hui des cadres des écoles de commerce et des femmes.... ou les deux à la fois !

2 - Les différentes structures de garde d'enfants

2.1 - Les crèches collectives

Depuis le début des années 70, les crèches collectives connaissent une telle faveur du public qu'elles ne peuvent répondre à toutes les demandes. Les listes d'attente y sont fréquentes. Les parents doivent donc souvent se tourner vers d'autres formules de garde. Pourtant, le nombre de places en crèches ne cesse de progresser. Cette croissance très significative est due aux efforts des collectivités locales (notamment avec l'application du contrat enfance) et de l'État, à travers les Caisses d'allocations familiales, qui financent les structures de garde et, bien entendu, aux initiatives privées.
En principe, les crèches collectives accueillent, dans la journée et de façon régulière, de 15 à 60 enfants de 2 mois 1/2 à 3 ans dont les parents travaillent. Elles sont donc ouvertes au minimum dix heures par jour sans interruption, du lundi matin au vendredi soir, y compris pendant les vacances scolaires (une solution de rechange est toujours proposée en cas de fermeture), ferment pendant les jours fériés et doivent servir des repas aux enfants à midi. Chaque établissement fixe ses propres règles, qui sont consignées dans son règlement intérieur.
Placées sous le contrôle de la Protection maternelle et infantile (le président du conseil général donne l'autorisation d'ouverture après avis de la PMI), les crèches collectives assurent la surveillance sanitaire et éducative des enfants.
Elles sont soumises à une réglementation très stricte, tant au niveau de la qualification du personnel que des normes de sécurité et d'hygiène.
Les locaux doivent être aménagés de manière à répondre au mieux aux besoins des enfants, à permettre la mise en œuvre du projet éducatif, tout en satisfaisant aux normes d'hygiène et de sécurité. En général, chaque structure comprend des salles de jeux et de repos, une salle d'isolement pour les enfants malades, un accueil, une buanderie, des espaces sanitaires et une terrasse ou un jardin (non obligatoire). Les pièces doivent être correctement éclairées, aérées et chauffées.
La prise en charge des enfants est assurée par une équipe pluridisciplinaire dirigée par un directeur (puéricultrice, médecin...) ou, pour les structures de 40 places ou plus, par un éducateur de jeunes enfants. Une personne (éducatrice de jeunes enfants ou auxiliaire de puériculture) est en charge de 5 enfants qui ne marchent pas, ou de 8 enfants qui marchent. La présence d'une puéricultrice ou d'un infirmier est exigée pour les crèches de plus de 20 places, ainsi que celle d'un éducateur de jeunes enfants pour les crèches de plus de 40 places.Entrent également dans cette catégorie des crèches collectives, les mini-crèches dont la capacité est inférieure à 20 berceaux. De par leur taille, elles peuvent s'intégrer dans des appartements ou des maisons individuelles de type F5, F6 ou dans des locaux sociaux. Elles suivent la même réglementation que les crèches collectives mais peuvent comporter plusieurs sections situées à différentes adresses d'une même commune avec une seule directrice responsable de toutes les implantations.

Le coût d'une crèche collective

Selon la taille de la crèche et sa localisation, le coût de création d'une place démarre autour de 10 000 euros, jusqu'à 20 000 euros (voire 50 000 euros à Paris !). Une somme rondelette qui couvre tous les frais de construction et d'aménagement du local. L'investissement est généralement pris en charge en grande partie par la Caisse d'allocations familiales, la commune, parfois même par d'autres organismes comme la caisse de Mutualité sociale agricole (MSA) en milieu rural, le conseil général, la Fondation de France ces dernières années, le ministère de la Santé, ou encore des entreprises locales. Le coût de fonctionnement est, quant à lui, évalué à environ 65 euros par enfant et par jour. Là encore, la somme est importante. Les parents y contribuent au prorata de leurs revenus et du nombre de leurs enfants, selon un barème national. En moyenne, la participation familiale représente 27 % du budget de fonctionnement. Les collectivités locales participent à hauteur de 35 % et la Caisse d'allocations familiales de 32 %. Les autres institutions financent les 6 % restants. Signalons que la participation de la Caf peut être majorée dans le cadre du contrat enfance.

2.2 - Les crèches d'entreprise

Absentéisme, départ précoce de l'entreprise, prolongement des congés parentaux... Pour éviter que la hausse de la natalité désorganise les entreprises, le gouvernement encourage les crèches d'entreprise. Un plan crèche prévoit ainsi le versement de 200 millions d'euros pour financer 20 000 nouvelles places. Pour convaincre les entrepreneurs, le gouvernement les subventionne via les caisses d'allocations familiales. La crèche d'entreprise entre dans la catégorie des crèches collectives. Elle accueille des enfants de l'âge de 10 semaines jusqu'à leur entrée en maternelle. Elle peut être soit exclusivement dédiée à une entreprise, soit interentreprise, soit allier entreprise et commune. Même si les réalisations sont encore rares, on voit néanmoins se développer ce concept et certains cabinets spécialisés proposent des solutions « clés en mains » aux entreprises : études, financement, réalisation, etc. Les horaires y sont adaptés en fonction de ceux de l'entreprise. Ces crèches sont soumises à la même réglementation que les crèches collectives traditionnelles, et peuvent bénéficier des aides suivantes.

L'aide à l'investissement

L'entreprise bénéficie d'une aide à l'investissement, variable selon les caractéristiques du projet. Son montant oscille de 6 000 à 12 000 euros par place créée, dans la limite de 80 % du montant de la dépense engagée par place.

Les subventions d'exploitation

Après agrément du conseil général, et à condition d'appliquer le barème institutionnel, la structure d'accueil perçoit de la CAF une subvention d'exploitation qui couvre une partie des charges de fonctionnement. La prise en charge de ces coûts est plafonnée à 3,52 € de l'heure soit en moyenne 60 % du prix de revient.

Le contrat « enfance entreprise »

Ce contrat complète les subventions d'exploitation. Il permet de couvrir au moins 50 % des dépenses de fonctionnement liées à la création de nouvelles places d'accueil. Enfin, les collectivités territoriales soutiennent les projets visant à ouvrir une crèche privée d'entreprise (ou plusieurs) et aident massivement pour ce qui est des subventions à l'investissement.

Les avantages fiscaux

Un crédit d'impôt famille, mis en place en 2004, permet à l'entrepreneur :

- l'imputation des charges dans le compte d'exploitation de l'entreprise soit une déduction fiscale de 35 % ;
- la restitution sous la forme d'un crédit d'impôt de 25 % des charges engagées, soit une défiscalisation de 60 % des dépenses engagées.

2.3 - Les haltes-garderies

Les haltes-garderies (ou établissements d'accueil occasionnel) accueillent des enfants de moins de 6 ans, à temps partiel ou occasionnellement. C'est ce qui les distingue des crèches collectives. En théorie, les enfants ne peuvent y séjourner que douze heures par semaine, soit trois demi-journées. Toutefois, certaines haltes-garderies proposent un accueil semi-permanent dans la limite de vingt demi-journées par mois, soit par demi-journée, soit par journée continue. Une place peut accueillir en moyenne 5 enfants âgés de moins de 6 ans. La souplesse d'accueil de ces structures permet à environ 370 000 enfants de moins de 6 ans de fréquenter chaque année une halte-garderie.
Un repas (souvent réchauffé sur place) est alors servi à l'enfant et une visite médicale d'admission est effectuée. Mais attention, l'établissement ne peut en aucun cas être utilisé comme une crèche, même si les locaux et les normes obéissent aux mêmes règles que celles applicables aux crèches collectives. Une halte-garderie peut néanmoins être dirigée par un éducateur de jeunes enfants, quelle que soit sa taille, sans que la présence d'une puéricultrice soit obligatoire au sein du personnel. Signalons que les tarifs et les horaires varient d'un établissement à un autre. Chaque structure a en effet son propre mode de fonctionnement : certaines privilégient les enfants du quartier ou s'installent en milieu rural par exemple, d'autres accueillent un public d'enfants spécifique (handicapés, enfants dont les parents sont concernés par le problème du sida, familles en difficulté sociale, etc.). Les activités diffèrent également : musique, poterie, collage, éveil des sens, activités corporelles, pratique d'une langue étrangère, etc. Mais qu'elles soient spécialisées ou non, les haltes-garderies constituent une étape intéressante dans la socialisation de l'enfant et une bonne transition et préparation à la vie de l'école. C'est le président du conseil général, éventuellement le maire, qui donne l'autorisation d'ouverture, toujours sur avis du service départemental de la PMI. Les locaux doivent être conformes aux normes de sécurité, correctement éclairés, chauffés, aérés, et suffisamment équipés pour répondre aux besoins des enfants et du personnel. Ici encore, la réglementation est très stricte, notamment si la halte-garderie accueille des nourrissons. La capacité d'accueil des haltes-garderies est fixée par le préfet sur proposition du directeur départemental des Affaires sanitaires et sociales, en fonction du personnel et des locaux. C'est ce dernier qui approuve le règlement intérieur de l'établissement.

Le coût d'une halte-garderie

Comme pour les crèches collectives, le coût de création d'une place en halte-garderie varie d'un établissement à un autre. Il oscille en moyenne autour de 15 000 euros, somme prise en charge en partie par la Caisse d'allocations familiales, les collectivités locales et l'association qui crée la structure, si tel est le cas. Mais, à Paris, par exemple, on parle de 25 000 euros pour une halte-garderie en rez-de-chaussée et 35 000 euros pour une place de garderie dans un immeuble où il faut installer un ascenseur. Le coût de fonctionnement revient en moyenne à 55 € par enfant et par jour. Les familles prennent 28 % des frais en charge, les collectivités locales 47 % et la Caisse d'allocations familiales 16 % (la participation de la Caf est majorée si la halte-garderie entre dans le cadre du contrat enfance).

2.4 - Les crèches parentales

Les crèches parentales, ou établissements d'accueil collectif à gestion parentale, sont relativement récentes puisque leur autorisation par décret remonte seulement à 1981. Ce sont généralement de petites structures (20 places maximum, 25 par dérogation) qui accueillent des enfants de moins de 3 ans. Au nombre de 10 en 1981, elles dépassent le millier de structures en 2006, dont la moitié est implantée en petites et moyennes agglomérations.
Initiée et gérée par une association de parents de jeunes enfants, la crèche parentale implique une participation personnelle, régulière et bénévole des parents à la vie de l'établissement, notifiée dans les statuts de l'association ou du règlement intérieur. Les parents contribuent aussi à l'organisation générale de la structure, notamment en termes de gestion, financement, choix des activités, etc.
Parfois, ces crèches sont initiées par des professionnels de la petite enfance séduits par ce mode de garde. Mais la structure est toujours gérée par l'association de parents et l'autorisation d'ouverture délivrée par le président du conseil général après avis du service départemental de la PMI.
Si la réglementation y est plus souple qu'ailleurs, la direction technique de la crèche parentale doit toujours être exercée par un agent diplômé qui assure la continuité de l'établissement et qui en est salarié : puéricultrice, sage-femme, infirmière, éducateur de jeunes enfants, instituteur ayant exercé dans une école maternelle, éducateur spécialisé. À défaut, cette fonction peut éventuellement être exercée par une auxiliaire de puériculture, une travailleuse familiale ou une assistante maternelle expérimentée.
Deux adultes au minimum doivent être présents à tout moment auprès des enfants. La crèche parentale fonctionne par ailleurs comme une crèche collective avec des exigences strictes concernant les locaux et les horaires.
Signalons que les crèches parentales peuvent recevoir un double agrément : celui de crèche parentale pour les enfants de moins de 3 ans pris en charge dans le cadre d'un accueil permanent, et celui de halte-garderie pour les enfants gardés moins régulièrement, voire occasionnellement.

Le coût d'une crèche parentale

Le coût d'investissement est estimé à environ 19 000 euros pour ce type de structure. Le financement peut être pris en charge en partie par la commune, par l'association des parents et par la Caisse d'allocations familiales.
Le coût de fonctionnement, évalué à 42 euros par enfant et par jour, est financé à 37 % par les familles, 24 % par la Caf (participation majorée dans le cadre du contrat enfance), 14 % par les collectivités locales, et 25 % par d'autres organismes publics ou privés.
Ce type de garde offre à l'enfant une transition intéressante entre la structure familiale et la crèche ou l'école. L'accompagnement éducatif réparti entre les professionnels et les parents personnalise l'accueil de l'enfant. Les premiers y jouent un rôle d'animateur tandis que les seconds accompagnent de façon plus individuelle l'enfant. Côté parents, l'intérêt de la formule n'est pas négligeable. La crèche parentale est en effet un lieu de rencontre et joue un rôle social important d'intégration et de relations entre les parents.
L'ACEPP (Association des collectifs enfants parents professionnels) fédère les lieux d'accueil à gestion parentale. Elle constitue un relais utile pour tous ceux qui veulent se lancer dans ce type d'expérience (voir coordonnées au chapitre 4).
Créée dans les années 80, l'ACEPP regroupe aujourd'hui des dizaines d'associations départementales et régionales, points de ralliement pour les crèches parentales. Sa vocation : représenter les crèches parentales auprès des partenaires locaux et de l'État, accompagner les promoteurs de projet (aide au recrutement, conseils à la création, etc.), aider les associations dans leur vie quotidienne, individuellement et collectivement, conduire des projets expérimentaux (développement de structures dans les quartiers défavorisés ou en zone rurale par exemple), gérer un centre de ressources et d'information, etc.

2.5 - Les crèches familiales

Cette formule de garde s'adresse aux enfants de 2 mois et demi à 3 ans (de 1 à 3 maximum). Si son fonctionnement (coût, modalités d'inscription) est identique à celui d'une crèche collective traditionnelle, cette structure s'en différencie quant au mode d'accueil de l'enfant. Celui-ci est, en effet, gardé au domicile d'une assistante maternelle agréée, employée et rémunérée par la crèche. C'est un service géré par une collectivité territoriale (région, département, commune...) ou un gestionnaire public ou privé (Caf, associations, entreprises...). La crèche familiale regroupe des assistantes maternelles agréées et des salariés du service gestionnaire. Elle est placée sous la responsabilité d'une puéricultrice diplômée d'État. L'enfant passe ainsi une partie du temps de garde chez l'assistante maternelle (notamment pour le repas et la sieste) et l'autre partie en crèche (pour différentes activités). La crèche familiale, dont la capacité est limitée à 150 places d'accueil, regroupe donc des assistantes maternelles agréées en vertu des dispositions de la loi n° 92-642 du 12 juillet 1992. Tout le matériel (lits, poussettes, jeux...) est fourni par la crèche, et les enfants bénéficient une ou deux fois par semaine d'activités collectives sous le contrôle d'une éducatrice dans les locaux de la crèche. Une surveillance médicale et psychologique est également assurée. Le siège de la crèche familiale doit disposer d'un bureau pour la directrice, d'une salle de réunion dédiée à la formation des assistantes maternelles et d'une salle de jeux suffisamment spacieuse pour recevoir les enfants. C'est le président du conseil général, sur avis du service départemental de la PMI, qui délivre l'autorisation. Par ailleurs, c'est la crèche familiale qui rétribue l'assistante maternelle et perçoit la participation financière des parents. Le regroupement des assistantes maternelles en service offre une souplesse dans l'adaptation aux besoins des familles (par exemple : réponse dans l'urgence, réponse à des horaires atypiques, remplacement des assistantes maternelles entre elles...). Pour l'essentiel, l'accueil se tient au domicile des assistantes maternelles, auquel s'ajoutent un local commun permettant de recevoir les assistantes maternelles et les parents, une salle de réunion ainsi qu'un espace réservé aux activités d'éveil des enfants.

Le coût d'une crèche familiale

Le coût de création d'une place en crèche familiale est évalué aux alentours de 12 000 euros. Il est en général financé par la collectivité locale et la Caisse d'allocations familiales. Le coût de fonctionnement, de l'ordre de 50 euros par jour et par enfant, est couvert à 29 % par les familles, 41 % par la collectivité locale et 28 % par la Caf avec majoration si le projet s'inscrit dans le cadre du contrat enfance. Comme pour les crèches collectives ou les haltes-garderies, il est tenu compte du niveau de revenu des parents pour le calcul de leur participation.

2.6 - Les structures innovantes

Les besoins en structures innovantes sont en nette augmentation en raison de la démographie et surtout du travail des femmes. En effet, plus de la moitié d'entre elles travaillent en horaires décalés (tôt le matin ou tard le soir), tendance en hausse avec les 35 heures. Un besoin de garde spécifique se manifeste surtout lorsque les deux parents travaillent en même temps à des horaires atypiques. Il est encore renforcé dans le cas de familles vulnérables (monoparentales, précarisées par des problèmes de santé, l'absence de solidarités familiales, etc.). À cela s'ajoute la combinaison entre précarité du statut d'emploi (CDD, intérim, temps partiel non choisi) et horaires atypiques. À ce titre, la politique familiale encourage :

- l'accueil individuel (au domicile des parents ou d'une assistante maternelle), plus flexible car les horaires découlent d'une négociation entre les professionnels et les parents ;
- les initiatives associatives locales et la création de structures innovantes pour lesquelles sont prévus, depuis les années 1980, des aménagements et des financements ; ainsi que l'incitation (par un crédit d'impôt depuis 2003) aux entreprises privées à s'impliquer dans la garde des enfants de leurs salariés.
Aujourd'hui, les pouvoirs publics soutiennent plutôt les services marchands, en particulier l'accueil individuel des jeunes enfants, dans le cadre d'une politique de promotion des emplois dits « de proximité à la personne ». Pour répondre à ces nouvelles tendances, il est donc fondamental d'innover en proposant par exemple des crèches itinérantes, rurales, à horaires variables ou implantées dans les supermarchés...
Si votre intention est de créer une structure innovante, sachez que les conditions de travail des professionnels de la petite enfance apparaissent comme un objectif secondaire, parfois comme un problème qui se révèle a posteriori. L'acceptation des horaires atypiques est pourtant indispensable au fonctionnement des structures. Or celle-ci s'avère problématique, même si les professionnels concernés sont habituellement exposés à certaines formes d'horaires atypiques.
Les exemples de structures innovantes sont encore exceptionnels en France. Bien que la demande soit très importante, la gestion de ces différents types de crèches est très délicate. Voyez le portrait de Colette Bory, initiatrice de l'Île des Enfants en région toulousaine (Chapitre 3), et dont la structure répond précisément à ces besoins d'horaires atypiques. Nous ne refermerons pas ce sujet sans aborder la création de lieux de garde au sein d'établissements pour les personnes âgées. Bien que les exemples soient rarissimes, leur réussite est exemplaire, tant au point de vue du fonctionnement que de la satisfaction des différents publics (plusieurs expériences réussies à l'initiative de la mairie de Paris). L'installation d'une halte-garderie ou de tout autre projet du même type ne se plaque pas sur n'importe quel établissement d'hébergement. Elle est le fruit d'une volonté partagée entre résidents et personnel, elle participe au projet de vie et à la philosophie de la structure. En d'autres termes, une telle initiative doit concrètement contribuer à améliorer la qualité de vie de chacun, en répondant à un désir partagé par tous ceux qui s'y impliqueront. Si la perspective de favoriser les échanges transgénérationnels vous motive, vous pouvez avoir envie de vous lancer dans un tel projet. Outre le fait de trouver un établissement pour le 3e âge susceptible de recevoir votre projet, sachez que les règles d'installation sont les mêmes que pour toute structure de garde d'enfants (cf. le portrait des structures de Bonneuil et de l'Abbaye au chapitre 3).

Les établissements « multi-accueil »

Les établissements multi-accueil associent différentes formules au sein d'une même structure. Ils permettent une plus grande souplesse d'adaptation à l'évolution des besoins des parents, des enfants, et une meilleure occupation des places. Le multi-accueil implique néanmoins de veiller à ce que la diversification des types d'accueil ne se fasse pas au détriment de l'intérêt et des besoins de chaque enfant, par des modalités de fonctionnement prévues dans le cadre du projet d'établissement et une organisation adaptée de l'espace et des groupes d'enfants. On peut par exemple mixer l'accueil régulier (les enfants sont accueillis au minimum 10 jours/mois) de type mini-crèche, crèche parentale, crèche collective pour les enfants de moins de 3 ans ; jardin d'enfants pour les enfants de plus de 3 ans, avec un accueil occasionnel (les enfants sont accueillis moins de 10 jours par mois) de type halte-garderie. La capacité des établissements multi-accueil associant accueil familial et collectif est limitée à 100 places. Peuvent également être associés à ces établissements des structures passerelles avec l'école maternelle, des lieux d'accueil enfants-parents, un accueil périscolaire, des relais assistantes maternelles, des services de garde à domicile, des lieux d'éveil...

3 - Les professionnels de la petite enfance

Vous ne pouvez pas mener à bien votre projet de création de structure de garde pour la petite enfance si vous êtes seul. Vous avez impérativement besoin de la collaboration, des conseils, du soutien et, bien sûr, de l'aide quotidienne des différents professionnels de la petite enfance. Sans eux, votre projet ne peut pas aboutir. Ces professionnels sont nombreux ; il est donc important de mieux les connaître pour savoir exactement quelles sont les compétences de chacun. Voici un tableau récapitulatif des intervenants de la petite enfance.

Métiers de la petite enfance
  Métiers des structures collectives
Métier Puériculteur/trice Éducateur/trice de jeunes enfants Auxiliaire de puériculture
Formation diplôme Diplôme d’État d’infirmier (ère) ou de sage-femme + formation de 12 mois Niveau baccalauréat (ou auxiliaire de puériculture et 3 ans d’expérience) + 27 mois de formation, diplôme d’État. Niveau BEP sanitaire et social + 12 mois de formation, diplôme professionnel
Statut Niveau cadre intermédiaire (catégorie B) Niveau cadre intermédiaire (catégorie B) Exécutant (catégorie C)
Fonctions et carrières Cadres gestionnaires. Direction ou direction adjointe de crèche. En centre de PMI : suivi de consultations, suivi ou formation d’assistant(e)s maternel(le)s, etc. En crèche : suivi de groupes d’enfants, encadrement d’auxiliaire de puériculture. Direction de crèche ou halte-garderie (25 places maxi.). En crèche familiale, PMI : suivi d’assistant(e)s maternel(le)s. En crèche, halte-garderie : suivi de 5 à 8 enfants. En centre de PMI : suivi de consultations.
  Métiers du domicile
Métier Agent auprès d’enfants Assistant(e) maternel(le) agréé(e) Auxiliaire parental(e)
Formation diplôme Niveau CAP petite enfance, BEP sanitaire et social, CAFAD ou assistant(e) maternel(le) avec 5 ans d’expérience Aucun diplôme. Formation courte obligatoire (60 heures, sans satge) Aucune exigence de formation
Statut   Agrément Rémunération : parents ou structure Rémunération : parents
Fonctions et carrières Agent de service À leur domicile : accueil non permanent de 1 à 3 enfants Garde au domicile des parents


Rappelons que seuls 0,7 % des auxiliaires de puériculture et 4,1 % des éducateurs de jeunes enfants sont des hommes. Par ailleurs, 2,7 % des effectifs en puériculture sont des puériculteurs.

3.1 - Les assistantes maternelles

Eu égard au manque de places disponibles dans les crèches collectives, les assistantes maternelles sont très sollicitées puisqu'elles représentent 55 % de l'ensemble des mesures d'hébergement. Elles apportent en effet souvent la réponse au crucial problème de garde des enfants rencontré par les parents. Vous devez savoir que cette profession constitue l'un des plus forts gisements d'emplois en France pour les années à venir. On estime à 600 000 le nombre des assistantes maternelles en 2010. La loi du 27 juin 2005 sur la réforme du statut des assistantes maternelles et familiales a amélioré la qualité de la garde des jeunes enfants. Elle permet de distinguer les deux métiers d'assistante maternelle, qui accueille à son domicile ou en crèche de jeunes enfants confiés ponctuellement par leurs parents, et d'assistante familiale, qui s'occupe à titre permanent d'enfants placés au sein d'une famille d'accueil.
Leur qualification a été renforcée : les formations obligatoires durent deux fois plus longtemps (60 heures pour l'accueil à la journée, le double pour l'accueil à titre permanent) et les candidats à l'agrément passent des tests liés à leurs capacités éducatives et leur maîtrise du français oral. Les assistantes maternelles peuvent effectuer ces mises à niveau avant ou juste après le début de leur entrée en fonction alors que les assistantes familiales devront effectuer un stage préparatoire. La loi prévoit la mise en place de perspectives d'évolution de carrière, grâce notamment à la validation des acquis de l'expérience, qui permettrait d'avoir ainsi l'équivalent d'un CAP petite enfance. La loi vise aussi à l'amélioration des conditions de travail. La durée du travail ainsi que les heures de repos sont définies dans un contrat de travail, désormais obligatoire. Ce sont environ 740 000 enfants de moins de six ans, dont près de 500 000 de moins de trois ans, qui sont aujourd'hui accueillis par près de 427 600 assistantes maternelles (tous statuts confondus) à titre non permanent. À Paris, c'est le troisième mode de garde, derrière la crèche (20 000 enfants) et la garde au domicile des parents (7 400 enfants). La capacité d'accueil théorique est de plus de 1 000 000 de places.
Âgées de 18 ans révolus à 65 ans, les assistantes maternelles doivent être agréées par le président du conseil général (services de l'action sanitaire et sociale) du département dans lequel elles résident. Les « indépendantes » sont salariées des parents. Leur activité est soumise à l'obligation d'un contrat de travail, et la rupture de ce contrat est désormais prévue en cas de retrait de l'agrément. Celles qui sont salariées des crèches familiales, estimées à 27 000 sur un total de 427 600, sont désormais dénommées « assistantes familiales ». Elles doivent être assurées pour les dommages que les enfants pourraient causer à autrui et pour ceux dont ils pourraient être victimes au domicile d'accueil. L'assurance doit être contractée par l'employeur. Les assistantes sont rémunérées par la crèche familiale et sont placées sous l'autorité de la personne chargée de la direction de la crèche qui en assure le recrutement. Elles sont encadrées par une puéricultrice et se réunissent une ou deux fois par semaine dans les locaux de la crèche familiale pour proposer aux enfants des activités d'éveil. On peut obtenir la liste des assistantes maternelles à la mairie, à la PMI ou dans les relais assistantes maternelles.

Le salaire

La rémunération des assistantes maternelles agréées est fixée par la convention collective nationale de travail des assistants maternels du particulier employeur, applicable depuis le 1er janvier 2005. Pour respecter la législation du travail, le salaire horaire de l'assistante maternelle ne peut être inférieur au minimum fixé par la loi, soit 1/8e de (2,25 X Smic horaire) par heure de garde. Les tarifs varient et sont souvent élevés quand il y a peu de solution alternative (crèche) et peu d'assistantes maternelles (pas de concurrence).

3.2 - Les puéricultrices

Définition

La puéricultrice est une infirmière spécialisée dans le développement des jeunes enfants, qu'ils soient malades ou en bonne santé. Elle est titulaire d'un diplôme d'État de puéricultrice qui se prépare en douze mois dans l'une des écoles de puériculture agréées. Aujourd’hui, 11 000 puéricultrices exercent en France, dont 99 % de femmes. 40 % des effectifs actuels seront en retraite en 2015.

Formation

La formation est ouverte aux personnes titulaires d'un diplôme d'État d'infirmier ou de sage-femme ou d'une attestation d'inscription en dernière année d'études conduisant à l'un de ces diplômes. L'entrée se fait sur concours et s'adresse donc aux infirmières diplômées d'État et aux sages-femmes, sans limite d'âge. La formation dure douze mois répartis en 790 heures théoriques et 710 heures de travaux pratiques, effectués dans le cadre de stages dans le secteur hospitalier et extra-hospitalier (crèches, PMI...). La formation théorique porte sur des thèmes très variés : santé, droit, social, sanitaire, administratif, éducation, psychologie, psychosociologie, psychopédagogie, diététique, physiologie, etc. Au terme de cette formation, un diplôme d'État est délivré à celles qui ont fait preuve des qualités requises. Le diplôme d'État de puériculture se prépare en un an dans une école de puériculture agréée par le ministère de la Santé. La rémunération d'une puéricultrice est d'environ 1 800 euros et peut aller jusqu'à 2 500 euros en fin de carrière.

Vers un poste de directrice de crèche

Après cinq ans d'expérience, généralement en milieu hospitalier, les puéricultrices diplômées d'État peuvent devenir directrices de crèche collective, de crèche parentale, de crèche familiale, de halte-garderie ou de jardin d'enfants. Un poste à haute responsabilité qui requiert des compétences multiples dans les domaines de la santé, de l'éducation, de l'éveil mais aussi de la gestion. La directrice est en effet chargée de l'organisation générale de l'établissement, de sa gestion administrative et financière, et exerce un pouvoir hiérarchique sur le personnel.
Ses fonctions sont multiples. Pour l'essentiel, elle recrute les agents de la crèche et participe à leur formation sanitaire (sécurité, hygiène générale, éveil), décide de l'admission des enfants et tient les registres les concernant (identité, informations médicales, environnement familial...), entretient les relations avec les parents et, avec la direction départementale de l'action sanitaire et sociale, assure la gestion et la bonne marche générale de l'établissement.

3.3 - Les auxiliaires de puériculture

Il y a actuellement environ 60 000 auxiliaires de puériculture, dont 99 % de femmes. Les auxiliaires de puériculture doivent être capables de prendre en charge un enfant, qu'il soit bien portant, malade ou handicapé, d'identifier ses besoins et d'administrer des soins.
Le diplôme professionnel se prépare en un an dans l'une des écoles agréées par le préfet de région. Il est ouvert aux titulaires du brevet des collèges, du CAP petite enfance ou aide-soignant, du BEP carrières sanitaires et sociales, du BEPA option services, ainsi qu'aux élèves ayant suivi une classe de première, aux personnes ayant travaillé pendant deux ans dans un secteur enfance ou hospitalier, ou durant trois ans dans n'importe quel autre secteur. L'entrée en formation est subordonnée à la réussite aux épreuves de sélection.
La formation, qui dure douze mois, comprend des stages et un enseignement théorique portant sur les soins, l'hygiène, la santé publique, la communication, la réglementation, la responsabilité et la déontologie, ainsi que des modules spécifiques à l'enfance : l'enfant et son environnement, la période prénatale et la naissance, l'enfant sain de la naissance à l'adolescence, l'enfant malade, etc. La rémunération s'étage d'environ 1 100 à 1 800 euros en fin de carrière.

3.4 - Les éducateurs de jeunes enfants

Spécialiste de la petite enfance, l'éducateur de jeunes enfants est obligatoirement présent quand la capacité d'accueil d'une crèche dépasse 40 places. Les éducateurs peuvent également occuper le poste d'adjoint à la directrice de crèche familiale, poste obligatoire quand le réseau d'assistantes maternelles est supérieur à 40. Ils peuvent, en outre, diriger une crèche parentale ou une halte-garderie. Pour exercer ce métier, il faut, bien entendu, s'intéresser à la place des enfants dans notre société et à leur développement.
La formation d'éducateur de jeunes enfants est dispensée en deux ans dans des écoles agréées. L'entrée sur concours est accessible aux titulaires du baccalauréat ou d'un diplôme équivalent, du certificat d'auxiliaire de puériculture après trois ans d'expérience, d'un diplôme d'État du travail social ou paramédical (formation en deux ans), ou encore aux candidats ayant réussi un examen de mise à niveau. Les cours, alternés avec des stages (neuf mois de stages pratiques), portent sur la pédagogie et les relations humaines, la connaissance du jeune enfant, la vie collective, la santé, l'éducation sanitaire, le droit, l'économie, etc.

3.5 - Les médecins

Le médecin assure la protection sanitaire des enfants de la crèche. Il contrôle l'hygiène générale de l'établissement et les conditions de vie des enfants. Ses obligations (modalités d'intervention) sont fixées par une convention établie avec le responsable de la structure et soumise à l'approbation du directeur départemental de l'action sanitaire et sociale.



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